2011

France - Roussillon

Le Scarabée

Isabelle FRERE

Moli d’en Cassanyes
66690 Sorede
06 14 73 34 80
isabellefrere[at]hotmail.fr

C’est un domaine de 5,80 hectares, en Bio depuis sa création en 2007, situé au pied du massif des Albères, au sud des Pyrénées-Orientales, dans le Roussillon ; la mer, à 2 km à vol d’oiseau, nous dispense ses influences marines et humides…

Le terroir

Arènes granitiques, plus ou moins caillouteuses ou sableuses selon les vignes, avec parfois un peu de schiste détritique… Un terroir sur lequel on peut faire des vins « dentelle » , mon rêve !

Les vignes et leurs cuvées

Les carignans : 1,5 hectare, dont 1ha vieux de 80 ans (labouré à cheval, 1,20m d’inter rang, ma vigne « coup de foudre », cuvée « Murmûre »), dans lequel il ne reste que 2000 pieds environ, et 50 ares de 20 ans à 70 ans( les carignans de « Volubile », « Le P’tit Scarabée rouge », et « Sur un nuage »).
Ils sont situés sur la commune de St André, entre Argelès et Sorède.

Les grenaches noirs : 1, 16 hectare, dont 1 ha qui a 10 ans, au même endroit que les carignans, et 16 ares, à l’ouest, sur la commune de Laroque –des Albères, prêtées par un vieux vigneron, et qui ont 40 ans : elles ont toujours été labourées, et aujourd’hui, elles aussi voient le cheval deux fois par an. (Cuvées « Sur un nuage » et « Murmûre)

Les grenaches gris : environ 1 hectare. Certains sont disséminés parmi les carignans (on complantait les vignes, il y a 80 ans, pour en faire du VDN, notamment)(Cuvée « Le P’tit Scarabée » rosé).
D’autres forment ma vigne la plus faible, sur des sables, d’environ 40 ares, et ont 70 ans, toujours dans la zone de St André (Cuvées « Le P’tit Scarabée » rouge et « La folie Juvénile ») .
Ces vieilles vignes de carignans et grenaches gris ont été pratiquement abandonnées (gros rendements grâce au NPK, faible valorisation des raisins en cave coopérative) pour le travail du sol depuis une quarantaine d’années : les racines traçantes rendent les ceps faibles et il très dangereux de les labourer sans en arracher, même à cheval.
Les derniers ont une quarantaine d’années, et sont situés plus à l’ouest, sur la commune de St Genis des Fontaines : ils sont complantés avec des macabeus : c’est ma vigne de blanc (cuvée « Pied’nez »), qui fait en tout 45 ares, et est également labourée à cheval ; une vigne humide, joliment entourée de cerisiers, mais qui me pose de gros problèmes d’oïdium et de mildiou…

Les syrahs :
toujours dans la zone St André, 3 vignes : celle du « P’tit scarabée » rosé et rouge, ma « petite syrah », qui fait 25 ares, dont le sol est le plus riche, et qui a 20 ans. Même âge pour celle de « Volubile » et « Murmûre », mais moins riche et moins vigoureuse, et qui fait 50 ares. Enfin, mon gros problème : une jeune vigne de 5 ans, très très faible, garnie de gros morceaux de granite (son surnom, c’est « Cayenne » !) , très grande (1, 3 ha), que j’ai achetée parce qu’elle faisait partie du lot… Avec les 10% que je laisse sur pied après la vendange en vert, de peur de l ‘épuiser, je fais « La Folie Juvénile ». Malgré ses défauts, j’aime beaucoup son profil aromatique, et j’ai bon espoir que les pieds survivants me donneront un jour un raisin d’exception !

Travail de la vigne

Intensif ! Et jamais suffisant, le temps manque…
Aujourd’hui, mes petits 5,8 hectares me semblent très grands au vu du travail qu’ils demandent, en Bio. Et ce ne sont pas les 350 euros/hectare de subventions européennes qui m’aident beaucoup à payer la main d’œuvre que cela demande… C’est pourquoi je choisis chaque année une vigne à « faire à fond », et une seule… Choix difficile, et travail de longue haleine sur des vignes ayant connu désherbants et engrais toute leur vie, ou presque.
En entraide avec Stéphane, nous travaillons souvent ensemble, et indifféremment, chez l’un ou chez l’autre, avec notre perle indispensable : Sébastien, qui travaille avec nous depuis le début ; un jour par semaine, il m’aide à tailler (il est d’une efficacité redoutable !), à labourer au tracteur, à « xadiquer » les ceps (de « xadic », petite pioche légère et pointue de Banyuls) , à attacher les baguettes de la syrah, à débroussailler, à ébourgeonner, à traiter…….
Au printemps, une autre perle nous rejoint, Cameron, qui bosse aussi avec Yoyo et Bruno Duchêne de Banyuls. Cette année, d’autres encore viendront nous prêter main forte pour l’ébourgeonne-effeuillage.
La plupart des vignes sont labourées au tracteur, sauf les vieilles, où Laurent et son magnifique mérins « Feeling » font un travail formidable. Quelle joie de les voir dans mes vignes ! Leur raisin et leur feuillage n’en est que plus beau…

Les vendanges

Vendanges manuelles en caissettes de 8 à 15 kg, refroidies à leur arrivée (de 7 à 17 degrés selon les raisins, et surtout la place !). Après la vendange, vers 14h, repas avec l’équipe, et à demain !
Tri attentif, directement à la vigne pour les grappes touchées par le ver de la grappe, ou les champignons .
Egrappage manuel par les vendangeurs, sur des plaques épaisses de plastique alimentaire trouées par nos soin : très long et fastidieux, c’est pourquoi je ne fais pas beaucoup d’égrappé (sur le millésime 2008, carignans et grenaches égrappés sont dans « Murmûre »)

Les vinifications

Elles se font dans un partie de la cave de Stéphane Morin, du Domaine « Léonine », à Argelès sur mer(c’est grâce à sa solidarité que j’ai pu m’installer…)

Après avoir passé l’après-midi et la nuit au froid :
Pressurage direct pour les blancs et les rosés, fermentation en chambre frigo à 17° en barriques pour Pied’nez et La Folie Juvénile, et en petite cuve pour le rosé.

Macérations carboniques d’environ deux semaines pour les rouges sur le millésime 2007, cépages séparés sauf pour « Murmûre »(20% de syrah posée sur le carignan) .
En 2008, plus de rendement, moins de concentration, obligée de changer mon fusil d épaule et petits foulages (même 2 remontages !) sur les carignans et une des cuves de grenache noir ; pour le reste, en carbo, malgré tout…
Suite à « Murmûre »2007, j’ai voulu expérimenter -avec bonheur- l’assemblage en macération de plusieurs cépages : grenache gris et syrah pour « le P’tit scarabée » rouge, macération de 10 jours ; syrah, puis une semaine plus tard, grenache noir, et enfin trois jours plus tard, carignan, dans une cuve de 30 hl que j’ai appellée « expérimentale »( ! je n’étais pas vraiment sûre de mon coup, malgré tout …), et qui a macéré plus de trois semaines : c’est 60% de « Murmûre » 2008, et je compte bien recommencer en 2009, en affinant l’harmonie des maturités.

Pressurages : dans des pressoirs Vaslin horizontaux de 10 et 15 hl, de 4h environ, assez doux.
Pas de pompe à la cave, tout se fait par gravité, grâce aux pressoirs juchés sur colonnes, et l’indispensable Klark de Stéphane .
Une vingtaine de barriques 4 à 5 vins forment mon chai : j’y entonne directement après la presse le blanc, la Folie Juvénile, et une partie de mes lots de rouge. Les moûts y fermentent et restent sur lies jusqu’à la mise en bouteille pour le Pet’Nat’ et au soutirage pour les autres, environ un mois avant la mise ; le reste fermente en cuves de 10 à 30 hl, fibre et inox.

Interventionnisme : pas de levurage, ni de sulfitage de la vendange à l’encuvage, et aucun pendant les macérations.
Hygiène la plus rigoureuse possible de la cave et du matériel vinique, indispensable pour se passer de SO2.
Petit sulfitage (notamment sur les grenaches, oxydatifs) au soutirage et /ou à la mise, de l’ordre de 0,5g/hl.
Sur certains moûts, petit coup de pouce aux levures des raisins par adjonction d’azote assimilable (les vignes ne sont en bio que depuis deux ans : le travail pour faire favoriser la vie microbienne du sol, la présence de levures et la teneur naturelle du raisin en azote, est très long. Mais j’espère bien un jour y parvenir, et ne plus rien mettre du tout dans mes moûts…)
Aucune acidification, pas de filtrage, ni de collage .

Mise en bouteille, capsulage et étiquetage perso, avec le matériel de Stéphane.

Pourquoi Le Scarabée et ces noms de cuvées ?

On me pose toujours la question, autant y répondre aussi sur ce site !

Le Scarabée :
symbole animal et vivant, comme mes vins, soleil, renouvellement quotidien du caractère et de ses convictions, liberté, et maladresse (vous avez déjà observé un scarabée ? je lui ressemble un peu… !)

Murmûre :
en 2007, raisins très mûrs, vins très doux et souple…

Sur un nuage (supersonique !) : j’aimerais en avoir un, comme Sangoku dans Dragon Ball (les initiés comprendront !)

Volubile :
comme la syrah, cépage très prolifique en feuilles, sarments de 4 mètres…

Le P’tit Scarabée :
comme dans la série « Kung-Fu » des années 70, le surnom donné par son maître au jeune apprenti. J’en serai un toute ma vie, dans ce métier !
Pied’nez : il était étonnamment bon, le 2007… alors j’ai fait un pied de nez à Stéphane… et c’est resté !

La Folie Juvénile :
c’est le nom d’un hexagramme du Yi-King… celui où le jeune fou inexpérimenté a toujours besoin du vieux sage, comme ma jeune syrah et mon vieux grenache gris ; et c’est une folie de bulles, un assemblage explosif !

Édition

Repas et soirée vigneronne

vigneronnes et vignerons de l’édition 2011

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